A-t-on le droit d’envier Christopher McCandless ?
A-t-on le droit d’envier Christopher McCandless ?
Petite et toute ronde. Elle me tient entre le pouce et l’index. Rouge ! Même violette. C’est plutôt violette que je l’imagine. Une toute petite baie ronde et violette, la baie mortelle. Celle qui tue et celle qui sauve. Une seule petite baie me suffit. Je la dépose sur ma langue et referme mes lèvres. Le fruit n’a pas de goût. Cela le rend encore plus dangereux, d’avoir le goût de rien mais le pouvoir de tout, de l’oubli. J’exerce une légère pression de ma langue sur le palais afin d’écraser la bille et d’en extraire le jus. Je sens le liquide se répandre dans ma bouche, glisser sur mes gencives et se faufiler entre mes dents. C’est la mort qui se prépare à pénétrer mon œsophage, à s’infiltrer dans mes intestins, mon sang, ordonner calmement à mon cerveau de me faire péter le cœur. Il y a beaucoup de violence dans si peu de chair, si peu de grain. Venin fragile et doux qui génère en moi l’espoir d’une trêve.
Florine de Torrenté
